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Bilan CNIL 2024 : résumé pour tout comprendre rapidement

Chaque année, le bilan CNIL agit comme un électrocardiogramme de la santé numérique française. En 2024, le cœur a palpité fort : 87 sanctions, plus de 245 millions d’euros d’amendes, des centaines de milliers de plaintes, une IA qui galope hors des clous, et une cybersécurité qui tousse.

Ce n’est pas une révolution tranquille. C’est une tentative lucide de remettre un peu de droit dans un monde où le pixel espionne et où l’algorithme gouverne sans mandat. Plongée dans un rapport qui dit tout haut ce que le numérique fait tout bas.

Bilan CNIL 2024 : ce qu’il faut retenir d’une année (encore) sous haute tension

source CNIL

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Le rapport annuel 2024 de la CNIL n’est pas une lecture de chevet. C’est un constat clinique, presque brutal, sur l’état réel de notre vie numérique. Si vous cherchez une morale ou un happy end, passez votre chemin. Mais si vous voulez comprendre comment les libertés individuelles se défendent, un octet à la fois, voici ce qu’il faut retenir.

  • 245 millions d’euros d’amendes : Uber, Orange et consorts ont payé (cher) leur légèreté réglementaire.
  • 87 sanctions prononcées, dont un nombre record via la procédure simplifiée.
  • Explosion des fuites de données : plus de 5 600 notifications, la cybersécurité ressemble de plus en plus à un vœu pieux.
  • Encadrement de l’IA générative : la CNIL se dote d’outils pour éviter que l’intelligence artificielle ne devienne un trou noir juridique.
  • Recommandations clés pour les applications mobiles : une jungle à réguler avant qu’elle ne se transforme en zone de non-droit.
  • Protection renforcée des enfants : campagnes sur le terrain, contenus éducatifs, mais la bataille contre l’hyperconnexion est loin d’être gagnée.
  • Une CNIL réorganisée, plus agile, mais encore en sous-effectif face à des géants toujours plus complexes.

1. Un arsenal répressif qui se muscle (enfin)

Oubliez les avertissements gentils : la CNIL s’est transformée en perceuse administrative. En 2024, les sanctions sont tombées comme des bourrasques. La procédure simplifiée, conçue pour taper vite et juste, a permis de multiplier les actions contre les mauvais élèves.

Sanction-phare : Uber, épinglé pour traitement illégal et transfert sauvage de données aux États-Unis, sanctionné à hauteur de 290 M€. C’est le prix de l’opacité algorithmique.

Chiffres essentiels :

  • 87 sanctions (+400 % en deux ans)
  • 245 M€ d’amendes totales
  • 495 mises en demeure
  • 321 contrôles
  • 150 sanctions depuis 2021

À noter :
L’amende n’est plus symbolique. Elle devient dissuasive. Et ce changement de braquet commence à faire réfléchir même les géants.

2. Intelligence artificielle : réglementer l’indomptable

En 2024, les modèles génératifs ont envahi le quotidien, parfois pour le meilleur, souvent sans garde-fous. Face à l’ampleur, la CNIL a défini un plan structuré pour remettre les IA dans les rails du RGPD, tout en contribuant activement à la mise en place du règlement IA européen.

Elle s’est donné quatre missions :

  • comprendre les technologies,
  • construire un socle juridique cohérent,
  • sensibiliser les usagers,
  • bâtir des outils de contrôle concrets.

Actions marquantes :

  • Publication de recommandations RGPD/IA
  • Coordination avec le CEPD
  • Début de l’analyse de l’impact des LLM

À noter :
L’IA n’est plus une innovation. C’est un écosystème. La CNIL tente de cartographier la jungle avant qu’elle ne devienne un désert moral.

3. Jeunesse et données : protéger les futurs profils ciblés

Le numérique des enfants, c’est l’aquarium préféré des publicitaires. La CNIL, consciente de cette fragilité, a multiplié les initiatives en 2024 : sensibilisation dans les écoles, ressources pour les parents, actions de terrain.

Mais à l’ère des jouets connectés, des apps éducatives sponsorisées et des comptes TikTok à 12 ans, le combat est titanesque.

Chiffres clés :

  • 173 actions pédagogiques
  • 84 événements à destination des mineurs
  • Renforcement des outils de sensibilisation

À noter :
L’enfance numérique se construit souvent dans l’opacité. La CNIL joue les pare-feu — en attendant mieux.

4. Applications mobiles : la jungle des traqueurs recadrée

Le 24 septembre 2024, la CNIL publie des lignes directrices majeures pour encadrer la collecte de données via applications mobiles. Car entre le développeur, l’OS, les SDK publicitaires, les trackers intégrés et les stores, l’utilisateur est souvent le dernier au courant.

L’objectif : restaurer un semblant de transparence dans un système pensé pour éviter les questions.

Points structurants :

  • Clarification des rôles (éditeur, store, OS, SDK…)
  • Amélioration de l’information utilisateur
  • Obligation de refus simple et immédiat

À noter :
Un contrôle systématique est prévu en 2025. Et ça risque de faire mal dans les classements de l’App Store.

5. Sécurité des données : les digues cèdent, les fuites explosent

2024 fut l’année des grandes brèches. Free, Orange, assureurs, établissements publics… La CNIL a reçu plus de 5 600 notifications de violations. Les bases de données ressemblent à des passoires en inox.

En réponse : rappels à l’ordre, guides actualisés, coopérations renforcées avec les autres institutions.

Statistiques préoccupantes :

  • 5 629 notifications reçues
  • 180 mises en demeure
  • Publication du Guide sécurité CNIL 2024

À noter :
Aucune infrastructure n’est à l’abri. Et trop de responsables de traitement découvrent les exigences du RGPD… après la fuite.

6. Un RGPD qui grince mais qui tient debout

Face à l’inflation réglementaire et au flou technologique, la CNIL reste un centre d’écoute. En 2024, elle a été sollicitée comme jamais : questions, réclamations, demandes d’exercice de droits… Le RGPD n’est pas mort. Il est juste assommé par la complexité.

Volumétrie de l’année :

  • 38 386 appels reçus
  • 16 130 demandes par écrit
  • 15 350 plaintes déposées
  • 24 947 EDI (droits indirects via plateformes)

À noter :
Une simplification est en cours côté CNIL, avec un service de réponse rapide mis en place dès fin 2024.

7. Nouvelle organisation : mieux armée pour 2025

En janvier 2025, la CNIL s’est offerte une restructuration : directions repensées, pilotage stratégique renforcé, projets numériques internes (dont l’analyse automatisée des décisions européennes via NLP). Moins de silos, plus d’agilité.

Chiffres internes :

  • 298 agents
  • 28,2 M€ de budget
  • +236 % de demandes de droits indirects

À noter :
La CNIL n’est pas une armée. Mais elle s’organise comme une force d’intervention spécialisée.

Le bilan CNIL 2024 ne se contente pas de cocher des cases. Il dessine les contours d’une autorité qui se bat pour ralentir la grande érosion de la vie privée. Un monde numérique sûr n’existe pas. Mais un monde sans CNIL, ce serait comme un web sans pare-feu : vulnérable, incontrôlable et prêt à flamber.

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